Administration publique : comment refuser de se faire arnaquer par des agents véreux ?

Article : Administration publique : comment refuser de se faire arnaquer par des agents véreux ?
Crédit: Mamady 2 CONDE
28 mai 2022

Administration publique : comment refuser de se faire arnaquer par des agents véreux ?

Même pour des services gratuits, certains agents de l’administration publique sont prêts à soutirer de l’argent des mains des citoyens. Ces derniers doivent être mieux informés et s’armer de bravoure pour dénoncer vigoureusement et refuser ces arnaques, et provoquer, s’il le faut, des incidents. Je raconte deux scènes que j’ai vécues moi-même.

Premier cas à Conakry 

Un jour de janvier 2022, je me rends à l’état civil de la mairie de Matam pour les formalités administratives liées à l’obtention de mon extrait de naissance biométrique. Je suis muni du reçu de versement de 60.000 GNF (6 €) dans une banque de la place, des copies de mon extrait de naissance et de mon passeport biométrique.

A la dame qui me reçoit, je donne mon dossier qu’elle vérifie. Tout est en règle ! Mais elle ne se gêne pas de me dire que je dois payer 50.000 GNF pour une copie de l’extrait de naissance sécurisé et 2 photos.

« L’extrait de naissance sécurisé ne se photocopie pas. C’est pourquoi, on doit vous donner une copie à déposer au commissariat. On nous a dit de bien expliquer aux gens », tente-t-elle de me convaincre.

Je lui réponds que je ne peux pas payer de l’agent étant donné que l’acte de naissance est délivré avec une copie, selon une note informative du ministère de la Sécurité et de la Protection civile. Nous discutons. Mon intransigeance l’agace.

Elle remplit une fiche en me demandant des renseignements, me remets tous mes papiers et m’oriente vers le photographe auquel elle dit que je ne suis pas sous son couvert.

L’agent du service en charge des photos et de l’impression de l’acte de naissance biométrique, à son tour, ignorant ce qui venait de se passer entre la dame et moi, me demande 10.000 GNF pour les photos et 10.000 pour chaque copie de l’extrait de naissance biométrique. C’est-à-dire : si je veux 5 copies, je paie 50.000. Je comprends alors que c’est un système. Je m’énerve et paie 20.000 GNF.

Deux semaines après, je reviens avec mon épouse pour ses démarches. Je la préviens que cette fois-ci, je ferais un incident face à ces agents véreux.

Au secrétariat, c’est une autre dame qui nous reçoit. C’est la même tentative d’arnaque : 50.000 GNF à payer. En présence de ses collègues, je réponds sur-le-champ qu’en dehors des 60.000 GNF versés à la banque, aucun autre franc n’est à donner à l’état-civil. Effectivement, je ne paie rien.

Au service où l’acte de naissance est délivré, un agent demande aussi 10.000 GNF pour la photo et 10.000 par copie de l’extrait de naissance. Je réplique que cette fois-ci, je ne donnerai que 5.000 GNF conformément aux procédures. Je dénonce vigoureusement leur pratique.

L’agent insiste et je tempête. Le ton monte. Un de ses collègues qui observe la scène intervient. « Le prix de la photo est fixé à 5.000 francs. Pour les copies des actes de naissances, nous achetons nous-mêmes les paquets de papier rame puisque le ministère ne nous en livre plus. C’est pourquoi, chaque copie est à 10.000 ».

« Si vous n’avez pas de papiers pour les copies, référez-vous à vos supérieurs au lieu de faire payer les citoyens. Comment est-ce qu’au secrétariat, on peut demander 50.000 pour les copies et les photos ? Je peux vous donner 10.000 pour que vous achetiez de l’eau à boire mais pas pour la copie de l’extrait de naissance », rétorque-je.

Dos au mur, mon interlocuteur essaye de me convaincre qu’il n’est pas mêlé à la combine des secrétaires. Il me demande de l’accompagner au secrétariat pour lui indexer les femmes qui réclament de l’argent. Il m’assure que cette pratique est interdite.

« Vous connaissez toutes celles qui sont au secrétariat. Je n’indexe personne ». Je quitte les lieux avec ma femme après avoir laissé un billet de 10.000 GNF.

Deuxième cas à N’Zérékoré, la capitale de la Guinée forestière

Un jour, je pars à l’hôpital régional de N’Zérékoré pour avoir un certificat de visite et de contre-visite. Pour obtenir ce papier, il faut obligatoirement faire certains examens de sang et se faire consulter par un médecin. J’apprécie la démarche puisqu’à Conakry, il suffit juste de donner au moins 15.000 GNF à un médecin, il te sort une fiche qu’il remplit et te remets sans aucune visite médicale.

Je paie donc 65.000 GNF au guichet. Avec le reçu, je me rends au laboratoire pour la prise de sang. Je suis ensuite orienté au service chirurgie où un médecin m’examine.

Après l’obtention de tous les résultats, le médecin généraliste qui m’a reçu le premier signe le certificat de visite et appose son cachet.

A sa demande, je me rends au service chirurgie. Après la signature et le cachet, le médecin me dit que je dois payer 20.000 GNF. Je lui demande s’il y a un reçu après versement, il répond « non ». 

« Désolé docteur, sans reçu, je ne peux pas payer ces 20.000 », réponds-je.

« Ah bon ! », s’exclame-t-il en me remettant mon document que je fais valider par le directeur général de l’hôpital.

Voilà comment j’ai géré ces cas de tentative d’extorsion d’argent. Les citoyens doivent avoir le courage de dire ‘’non’’ à ces pratiques malsaines et de faire du bruit pour alerter l’entourage, les passants et même les supérieurs hiérarchiques de ces agents véreux. Ils n’oseront pas s’exposer.

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