Hadja Rabiatou Sérah Diallo, une vie au service de la classe ouvrière et de la République

Article : Hadja Rabiatou Sérah Diallo, une vie au service de la classe ouvrière et de la République
Crédit: Mamady 2 CONDE
29 juin 2023

Hadja Rabiatou Sérah Diallo, une vie au service de la classe ouvrière et de la République

La syndicaliste Hadja Rabiatou Sérah Diallo est décédée dans la nuit du 27 juin 2023 des suites de maladie à Conakry. Première femme à diriger une centrale syndicale en Afrique, elle s’est révélée au monde entier en 2006 et 2007, lors des mouvements de protestation contre la vie chère et la mauvaise gouvernance en Guinée.

Hadja Rabiatou Sérah Diallo a eu une vie bien remplie. Née le 31 décembre 1949 à Mamou, Rabiatou Serah Diallo, est titulaire d’un diplôme de secrétaire de direction obtenu en 1966. De 1975 à 1978, elle est greffière de justice et reclassée à titre exceptionnel au rang des magistrats en 1993.

Fer de lance des grèves générales de 2006 et 2007

Portée vers la défense des intérêts de la classe ouvrière, Hadja Rabiatou Sérah Diallo adhère à la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) où elle est élue en 1985, responsable du département des femmes.

Elle gravit tous les échelons et met fin à l’hégémonie des hommes à la tête de cette centrale syndicale. En 2000, Hadja Rabi est élue secrétaire générale de la CNTG, devenant la première femme à assumer une telle responsabilité syndicale en Afrique. Elle est reconduite à son poste en 2005.

En février 2006, à l’appel des syndicats, une grève générale paralyse le pays. Ils demandent au général Lansana Conté, l’amélioration des conditions de vie des travailleurs. Une grande première qui se répétera en janvier 2007 lorsque le mouvement social (syndicats et partis politiques) lance une grève générale illimitée pour dénoncer la mauvaise gouvernance et réclamer le départ du président Lansana Conté.

Lors de cette grève qui fera au moins 100 morts, la syndicaliste est bastonnée à la bourse du travail par des bérets rouges conduits par l’un des fils du Chef de l’Etat. Accusée par le régime de mettre le feu au pays, elle déclare qu’« une femme ne met le feu que pour bouillir la marmite ». Le mouvement aboutit à la nomination du diplomate Lansana Kouyaté, au poste de premier ministre, chef du gouvernement.

Dans une interview accordée à RFI en 2007, elle affirme : « Nous avons lutté pour le peuple, pas pour nous-mêmes ».

Du Conseil national de transition au Conseil économique et social

Suite au décès du président Lansana Conté en 2008, des militaires dirigés par le capitaine Moussa Dadis Camara s’emparent du pouvoir. Victime d’un attentat en décembre 2009, le putschiste est remplacé par le numéro 3 de la junte, le général Sékouba Konaté.

Hadja Rabiatou Sérah Diallo est alors nommée présidente du Conseil national de transition, l’organe faisant office de parlement. Le CNT adoptera de nombreuses lois organiques et une Constitution en 2010 qui aboutira à l’élection de l’opposant Alpha Condé à la présidence de la République.

En 2015, ce dernier la nomme membre du Conseil économique et social, une institution chargée d’émettre des avis et recommandations sur des questions d’ordre économique, social, culturel et environnemental. Aussitôt élue présidente par ses collègues conseillers, elle restera à ce poste jusqu’au coup d’Etat du 5 septembre 2021.

Hadja Rabi, sollicitée dans les instances internationales

Grâce à son engagement pour la cause des femmes et de la classe ouvrière, Hadja Rabiatou Sérah Diallo est sollicitée à l’international. En Afrique et dans le monde, elle partage ses expériences, participe aux commissions de travail.

En juin 2003, elle est représentante des travailleuses au sein d’une Commission tripartite à l’Union Africaine. En 2015, année de sa réélection à la tête de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée, la syndicaliste est désignée membre titulaire du Conseil d’Administration du Bureau international du travail. Elle est la première femme africaine titulaire au groupe de travail du BIT où elle fera trois mandats.

A la 97ème session de la conférence de l’Organisation internationale du travail en juin 2008, elle est élue vice-présidente. Elle est de nouveau la première femme africaine titulaire à accéder à ce poste.

Durant sa présidence au Conseil économique, social, environnemental et culturel (2015-2021), Hadja Rabi est membre des Conseils d’administration (CA) de l’Union des Conseils économiques et sociaux d’Afrique, puis présidente. Elle est aussi membre du CA de l’Association internationale des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS), vice-présidente et enfin présidente de l’Union des Conseils économiques et sociaux des pays membres de la Francophonie (UCESIF).

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