La ‘’malédiction’’ de la culture de l’arachide à Ouendé Kénéma

Article : La ‘’malédiction’’ de la culture de l’arachide à Ouendé Kénéma
Crédit: Kandet Oumar Touré
13 novembre 2022

La ‘’malédiction’’ de la culture de l’arachide à Ouendé Kénéma

A Ouendé Kénéma, une sous-préfecture de Guéckédou, située à quelques 54 km du chef-lieu, il parait que la culture de l’arachide ne réussit pas aux personnes ayant le patronyme Millimono. A cause d’une « malédiction », les populations locales ne cultivent pas ces graines comestibles. Au-delà de ces considérations culturelles difficiles à prouver, la science et la science pourraient trouver des explications.

Lors d’un séjour à Ouendé Kénéma en septembre 2022, je remarque que les arachides vendues sont petites, de la coque à la graine. Contrairement à celles d’ailleurs.

La vendeuse à laquelle je m’adresse m’informe que les arachides vendues à Ouendé Kènèma sont transportées de Koundou, une sous-préfecture voisine.

« Pourquoi aller jusqu’à Koundou pour chercher des arachides ? On ne sème pas d’arachides ici à Ouendé ? », demande-je. Elle répond que les champs d’arachide ne réussissent sur les terres de Ouendé. « Ici à Ouenden, les Millimono sont très nombreux. C’est chez eux. Si un Millimono cultive l’arachide, ça ne donne pas. Et même si un Millimono traverse le champ d’arachide de quelqu’un d’autre, tout se gâte ».

Cette réponse alimente davantage ma curiosité. Mon interlocutrice qui est Kamano me rapporte qu’elle a entendu que le fondateur du village est à l’origine de ce triste sort, sans m’en dire plus. J’achète un kilo d’arachide à 5.000 gnf et je pars en restant sur ma faim.

Je décide alors de me renseigner auprès d’autres habitants. Tamba Moussa Millimono, l’oncle du jeune qui m’héberge me confirme lui-même que les cultures d’arachide ne lui réussissent pas : « Quand je sème, ça pousse bien jusqu’à la floraison avant de se gâter. Même avec ma tante aussi, c’est le même cas. Ça ne marche pas ».

Cet homme m’explique que sa tante a trouvé un autre moyen de conjurer le sort : « Maintenant, ma tante paie les gens, les enfants pour semer son arachide. Dès que ça commence à germer, elle ne met plus pied dans son champ jusqu’à la récolte. Et ça donne bien ».

Avec ces nouveaux détails fournis par ce sage, je suis tenté de croire que la culture de l’arachide ne réussit pas aux personnes aux Millimono à Ouendé Kénéma.

Mais pourquoi le vieux Millimono aurait-il ‘’maudit’’ la culture de l’arachide à Ouendé Kénéma ? Dans quelles circonstances ? Je n’ai pas eu de réponse à ces questions.

A cause de la contrainte temps, je n’ai pas pu échanger avec d’autres sages sur ce pan de l’histoire.

Au-delà des témoignages sur des raisons culturelles difficiles à prouver, la science et la technique devraient pouvoir expliquer ce phénomène. Les populations locales doivent donc surpasser les considérations de « malédiction » d’un homme pour se référer aux explications d’un agronome. Celui-ci peut étudier les caractéristiques du sol, les graines d’arachides, les techniques agricoles et l’environnement rural à Ouendén Kénéma.

La science et la technique peuvent expliquer ce qui semble être impénétrable par le subconscient collectif.

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